Toujours en activité, le second fabricant européen de pinces et de tenailles a
métamorphosé le village et fait entrer Laissey de plain-pied dans l'ère
industrielle.
Cet article reprend les couleurs historiques de la marque afin de rendre hommage
aux hommes et aux femmes qui ont bâti cette entreprise au fil des années.
Fabricant de pinces et de tenailles depuis plus de 120 ans, l'usine Bost a
façonné le village tout au long du XXème siècle. Poumon
économique du canton, paternalisme assumé à la grande époque avec la
construction de logements ouvriers, nombreux sont ceux et celles qui y ont
travaillé, s'y sont rencontrés, ... Si la pince a fait la renommée de
Montécheroux, c'est Bost qui a fait celle de Laissey !
Fondée par Élisée Bost et trois de ses frères en 1891, devenue Bost Garnache
Industries (B.G.I.) sous l'impulsion de Facom, elle est désormais une filiale du
groupe américain Stanley Black & Decker.
B.G.I. est le premier fabricant européen de tournevis et de clés mâles, le
second fabricant européen de pinces et le premier français. Il emploie
aujourd'hui 500 personnes sur deux sites de production (Laissey et Arbois) et un
centre de conditionnement (Dole). En 2011, le groupe a réalisé un chiffre
d'affaires de 25,8 millions d'euros.
Le site de Laissey produit des pinces haut de gamme, garanties à vie, qu'elles
soient classiques (universelles, coupantes, tenailles, ...) ou spécialisées
(pour l'électronique, la microélectronique, la basse tension jusqu'à
"1000 volts", ...). Mais, si l'entreprise compte plus de
1000 références à son catalogue, 20 % d'entre elles représentent
80 % de sa production annuelle, les pinces universelles, les pinces
coupantes et les tenailles restant les modèles les plus demandés.
Une association, Le chat des Laissey, a été créée en 2008 et s'attelle à
la formation d'un musée de la pince afin de conserver le patrimoine industriel
du village et de l'usine Bost. Ses locaux se trouvent dans l'une des anciennes
maisons ouvrières des mines de fer, qui devint au début du XXème
siècle l'épicerie et bureau de tabac Louis Courtot puis le bureau de poste.
Le 2 septembre 2017, après de longues et intenses années de travail, elle
inaugure le Musée Bost et de l'outil dédié à la conservation du
patrimoine industriel du village et de l'usine Bost.
Fin de l'aventure Bost à Laissey
La qualité selon Stanley !
La nouvelle est tombée le mercredi 15 novembre 2017 : le site de production
laisséen va être transféré à Besançon dans les locaux de Stanley. Le
déménagement va commencer en mai 2018 et se terminer aux vacances.
C'est donc 127 années de production d'outillages à mains de haute qualité dans
la Vallée du Doubs qui vont s'éteindre.
Les raisons : bâtiments trop vétustes (alors que toutes les fenêtres ont été
remplacées il y a à peine deux ans...), risques d'inondations de grandes
ampleurs à très court terme (alors qu'on arrive à peine à prédire la météo du
lendemain...), problèmes d'assurances, ... Tous les arguments sont
malheureusement bons pour justifier une telle décision.
Certes, on ne peut que se réjouir que l'entreprise ne soit pas délocalisée dans
un pays d'Europe de l'Est ou en Asie comme tant d'autres avant elle. Les
salariés préservent ainsi leur travail, mais, pour combien de temps ?
Outre l'aspect historique et sentimental, cette annonce est également un
véritable coup dur économique pour la commune de Laissey et ses habitants qui
vont ainsi perdre une dotation financière importante. Terminé les travaux
d'embellissement du village à plusieurs centaines de milliers d'euros ! A moins,
bien évidemment, d'augmenter significativement les impôts des contribuables
faisant ainsi reposer cette décision sur les Laisséens.
Ce mercredi 15 novembre 2017 restera dans l'histoire du village une date à
marquer d'une pierre noire.
15 novembre 2017, l'annonce officielle : l'usine Bost quitte Laissey
Avril 2018, l'événement que le village n'aurait jamais voulu voir
Juillet / août 2018, la forge à froid déménage à son tour
Octobre 2019, la démolition des bâtiments débute...
Février 2020, les travaux de démolition partielle sont terminés
Octobre 2022, la Communauté de Communes du Doubs Baumois rachète les bâtiments
Les trois bâtiments préservés de la destruction (pour une surface
totale de 5 000 m2) deviennent la propriété de la
Communauté de Communes du Doubs Baumois et ce pour un euro symbolique.
Historique
Nombre d'entreprises débutent leur historique à l'année de leur création. Mais,
pour comprendre Bost et son fondateur Élisée Bost, il faut remonter dans son
passé afin de connaître la source de son inépuisable énergie.
Voici les faits marquants, heureux ou malheureux, qui ont marqué une entreprise
plus que centenaire.
22 avril 1838
Naissance d'Antoine Bost à Saint-Just-de-Baffie (Puy-de-Dôme). Ses
parents, Antoine Bost et Jeanne-Marie Chelle, sont cultivateurs dans ce
village.
Afin de trouver du travail, Antoine quittera sa région natale et
s'installera à Laissey où il sera journalier, puis mineur, puis
contremaître aux mines de fer du village.
6 octobre 1842
Naissance de Zoïle Courtot à Clerval (Doubs). Ses parents, Nicolas Courtot
et Thérèse Cuenot, sont vignerons.
2 janvier 1860
Mariage d'Antoine Bost et de Zoïle Courtot à Laissey. La rencontre fut
certainement facilitée par le fait que les mines de fer de Laissey
alimentaient les hauts fourneaux de Clerval...
Ils eurent 10 fils et aucune fille.
21 juillet 1872
Naissance d'Élisée Bost à Laissey. A 19 ans seulement, le septième enfant
de la fratrie fondera la fabrique d'outils portant son nom.
Il décèdera à Laissey le 18 janvier 1957 à l'âge de 84 ans.
Élisée ou Élysée ? La première orthographe du prénom est celle notée dans
le registre d'état civil de la commune et celle utilisée par lui-même
ainsi que par son propre fils, Jacques. Elle figure également sur sa
tombe. La seconde semble être la plus usitée dans le milieu civil et
professionnel.
1891
Ouvriers à la Manufacture d'outils Émile Bainier à Douvot, Élisée Bost et
trois de ses frères créent leur propre entreprise de fabrication de
pinces. Avec très peu de moyens, ils débutent dans les caves de la maison
familiale à Laissey. Ne disposant pas de force motrice, un cheval fut
acheté et Fareau fit tourner un manège pour entraîner les quelques
rares machines possédées, notamment pour le polissage.
fin des années 1890
Afin de faire face au fort accroissement de l'activité, l'entreprise
Bost Frères s'installe dans les anciens locaux de l'usine de tissage, au
bord du Doubs. Elle dispose désormais d'une turbine entraînée par la
rivière qui permet un bon technologique avec l'utilisation de petits
pilons à courroies et à ressorts. Cette transaction fut facilitée par le
fait que le propriétaire de cette usine, M. Gentelet, n'était autre que
l'oncle de l'épouse d'Élisée Bost, Bénédicte.
Pour répondre à la demande, Élisée Bost fait venir de (grandes) familles
d'ouvriers spécialisés :
de Montécheroux ou de Saint-Hippolyte (Doubs), villages comptant de
nombreuses usines de fabrication de pinces ;
d'Alsace, pour la fabrication des mèches à bois (les Herbert) ;
de la Haute-Marne, pour les cisailles (les Bauman, Chapuis, Receveur et Schcrer) ;
de Paris, pour les outils à ressorts (les Colombet et Tamamis).
Il permet également à des habitants des villages voisins d'Amagney, de
Champlive, de Douvot, de Roulans, ... de travailler à domicile à plein
temps ou de compléter leurs modestes revenus agricoles.
1905
Pour distraire la population et ses salariés, Élisée Bost fonde la fanfare
L'Amicale des usines de Laissey.
années 1900
C'est durant cette période que Élisée Bost souhaite ajouter un logo à sa
marque pour la rendre instantanément reconnaissable.
Il veut utiliser le lion présent sur les armoiries de la Franche-Comté,
mais cet animal étant utilisé depuis 1847 par les Peugeot, ces derniers
s'y opposent afin d'éviter toute confusion avec leur propre emblème. Il
choisit alors un autre félin : un chat.
Un autre logo fut également utilisé pour désigner les articles de moindre
qualité, que l'on qualifierait aujourd'hui de premier prix : un
soleil. Il ne sera en vigueur que quelques années seulement contrairement
au chat qui fut le symbole de l'outillage à main de haute qualité pendant
près de soixante ans.
Extrait d'un catalogue de 1907 où apparaissent
les deux logos.
janvier 1910
L'usine est touchée par la plus importante crue du Doubs jamais observée.
Elle provoque 75 000 francs de dégâts et met 175 ouvriers au
chômage technique pendant quinze jours.
années 1914 - 1918
La Première Guerre mondiale prive Bost d'une partie de sa main d'œuvre
qualifiée et ne lui permet pas d'honorer ses commandes. Néanmoins, comme
nombre d'industries, elle évite à certains les affres de la guerre en
faisant revenir du front les ouvriers, les techniciens et les cadres
nécessaires au fonctionnement de l'usine. Et, elle peut ainsi participer à
l'effort de guerre et répondre aux besoins de l'armée, les tenailles étant
très prisées pour la découpe des fils de fer barbelés des tranchées.
Ainsi, « seuls » 3,7 % de la population de
Laissey ont laissé leur vie durant la Première Guerre mondiale, ce
pourcentage se situant dans la moyenne basse.
1919
Ayant besoin d'argent frais pour relancer l'activité après la Première
Guerre mondiale, Bost Frères devient une société anonyme grâce à la prise
de participation d'une majorité du capital par la famille de Moustier. Le
Marquis René de Moustier en prend la présidence.
D'une des plus anciennes dynasties de Franche-Comté, hommes militaires et
politiques, la famille de Moustier est très connue dans la région,
notamment pour leur demeure, le château de Bournel près de Rougemont
(Doubs).
Piètres industriels, mais fortunés, avec Bost, ils mettent la main sur une
pépite et l'un de leurs rares succès avec la société Plastival, désormais
Profialis, à Clerval.
1920
Sous l'impulsion de la famille de Moustier, Bost crée un site de
production à Rougemont qui employa jusqu'à une cinquantaine de
personnes. Il fut dédié à la fabrication d'outils pour travailler le bois,
telles des mèches, des tarières et des vrilles.
Cette implantation ne répondait à aucune stratégie industrielle, mais
était destinée à faire politiquement plaisir aux Rubrimontains. En effet,
la Première Guerre mondiale toucha durement Rougemont qui vit sa
population fortement décroître (environ 200 habitants en moins). En
créant des emplois, l'installation d'une usine devait permettre d'éviter
l'exode des jeunes et de développer la région.
1924
Construction et mise en service d'une centrale hydroélectrique à Fourbanne
pour l'alimentation en énergie électrique de l'usine de Laissey via une
ligne à haute tension privée. D'une puissance de 300 ch, le montant
de l'investissement est de 900 000 francs. Elle sera revendue à
un exploitant privé dans les années 1990.
années 1920
Afin de trouver de nouveaux marchés, Élisée Bost n'hésite pas à traverser
les océans et ce, malgré la barrière de la langue. S'il essuie un échec
cuisant aux États-Unis, il ne s'avoue pas vaincu et met le cap en Amérique
du Sud et en particulier en Argentine. Son succès commercial dans cette
contrée fut tel qu'il envoya un jour un télégramme : «
Fabriquez n'importe quoi, mais fabriquez ! ». C'est
ainsi que Bost mit à son catalogue les sondes à grains, spécifiques à ce
marché.
Durant cette même période, soucieux du bien-être de ses salariés, Bost
construit plusieurs maisons ouvrières pour y loger son personnel dans un
tout nouveau quartier sur les hauteurs du village, le Quartier du
Maroc également appelé la Cité du Maroc.
Il était habituel à cette époque d'appeler les cités ouvrières ou
cheminotes Quartier du Maroc. De nombreuses villes françaises
possèdent une rue, un quartier ou une cité du Maroc :
Champigny-sur-Marne, Le Cateau-Cambrésis, Le Mans,
Saint-Gilles-Croix-de-Vie, ... Et, plus proche de Laissey, Liebvillers
près de Saint-Hippolyte.
Si, dans certains cas, Maroc a pour origine les maraîchers ou les Maures
d'Espagne (les « Marocains »), il n'en est
rien pour Laissey. Gageons que Élisée Bost n'a fait que suivre la mode
en vigueur et l'attirance exotique envers ce pays mis sous protectorat
franco-espagnol en 1906.
On notera également que le Quartier du Maroc, toujours ensoleillé
et ce quelque soit la saison, vient naturellement contrebalancer
l'obscurité hivernale du Quartier Nègres (le bas du village), le
substantif nègre venant de l'adjectif latin niger qui signifie
noir ou sombre.
fin juillet 1932
L'usine de Rougemont ferme ses portes suite à la crise économique de 1929.
Le site ne comptait plus que 12 ouvriers.
1935
Le capital de l'entreprise est désormais de 3,8 millions de francs.
La crise économique de 1929 est désormais oubliée.
Bost possède quatre usines hydroélectriques : Laissey (125 ch) et
Fourbanne (300 ch), pour sa propre alimentation en énergie
électrique ; Rougemont (75 ch) et Montécheroux
(75 ch), dont la production est revendue à des entreprises locales.
années 1930
Constitué au départ de quelques maisons, le Quartier du Maroc s'agrandit
rapidement pour faire face aux besoins en logement des ouvriers, toujours
plus nombreux.
1935
Son père René étant décédé le 21 août, le Marquis Léonel de Moustier prend
la présidence de l'entreprise.
Député et Conseiller général, il fit partie des quatre-vingts
parlementaires qui votèrent contre l'attribution des pleins pouvoirs à
Pétain le 10 juillet 1940, l'armistice étant une
« trahison » et Pétain, un
« traître ».
Mettant son domaine de Bournel à la disposition de la résistance, chef
militaire de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée), il est arrêté
par la Gestapo le 23 août 1943.
Déporté au camp de concentration de Neuengamme (Allemagne) au début de
l'été 1944, il y décède en mars 1945. Sa famille ne put récupérer son
corps qu'en octobre 1945.
En effet, la défaite arrivant, les nazis n'avaient plus le temps de brûler
les cadavres, transformant les alentours des camps de concentration en
vastes charniers pour cacher leurs méfaits. Afin de ne pas légitimer les
thèses révisionnistes, les Alliés s'opposèrent au rapatriement de toutes
les victimes identifiables. Il fallut l'intervention de Charles de Gaulle
pour qu'il soit enterré dans la propriété de son château.
1936
Suite à la victoire du Front populaire, Élisée Bost s'oppose fermement à
l'idée d'octroyer deux semaines de congés payés à ses salariés. Une grève
de quinze jours éclate au sein de l'entreprise. Il faut faire appel au
préfet pour renouer le dialogue entre les différentes parties. La
dissension est telle que lors d'une réunion, Élisée Bost brandit un
revolver et menace de se suicider !
janvier 1940
L'entreprise est fortement endommagée par un incendie que les pompiers
eurent beaucoup de mal à maîtriser. Le froid glacial qui sévissait
(-25 °C) gelait l'eau au bout des lances d'incendie ! L'atelier de la
lime fut le plus touché. La cause de cet incendie fut vraisemblablement un
chiffon de meuleur qui se consumait doucement sur un tabouret et qui
s'enflamma tard dans la nuit.
Ce fut l'une des rares voire la seule fois où l'on vit Élisée Bost
pleurer, les larmes gelant dans sa moustache.
1943
Les lois vichystes du Président du Conseil des ministres Pierre Laval
imposant le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), quatorze employés
Bost de tous âges, dont une femme, sont requis et envoyés contre leur gré
en Allemagne nazie.
Élisée Bost établit lui-même la liste des partants, essentiellement des
communistes à qui il reprochait de provoquer des troubles et qu'il voulait
éloigner de son usine. En 1945, ne s'attendant pas à les voir revenir, il
fut particulièrement inquiet à leur retour d'un éventuel désir de
vengeance.
années 1940
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'usine fonctionne au ralenti. Entre
les salariés prisonniers en Allemagne et la rareté de la matière première,
les livraisons se font rares. Des commandes passées en 1943 ne sont ainsi
pas livrées avant 1945 !
Durant cette période, pour éviter un éventuel bombardement du château
d'eau de la SNCF, les autorités allemandes ordonnèrent la mise en
place d'un couvercle en bois. L'eau faisant office de miroir, ces
réservoirs étaient facilement repérables et étaient une cible
privilégiée de l'aviation Alliés afin de perturber la circulation des
trains.
Mais, un jour de violente tempête, le couvercle s'envola et s'abattit
sur l'atelier des boîtes et des goupilles tout proche. Il fallut un
certain temps pour que mesdames Francine Brie et Revoy se remettent de
leurs émotions.
Carnet de notes de M. Daniel Girardot
1944
Le Marquis Léonel de Moustier étant déporté au camp de concentration de
Neuengamme (Allemagne) au début de l'été 1944, Élisée Bost reprend
temporairement la présidence de son entreprise.
1945
Bost modernise sa centrale hydroélectrique. D'une puissance de
125 ch, elle permet à l'entreprise de subvenir à une partie de sa
consommation jusqu'à la fin des années 1980.
1947
Succédant à son père Léonel, décédé au camp de concentration de Neuengamme
en mars 1945, le Comte Baudouin de Moustier prend la présidence de
l'entreprise.
Son charisme, ses qualités de gestionnaire et sa capacité à savoir bien
s'entourer, permettent à Bost de se moderniser et de voir sa production
fortement augmenter.
La production reprend lentement son rythme d'avant-guerre du fait du
manque de matière première encore très présent et des restrictions mises
en place. L'utilisation de bons monnaie-matières est courante. Le client
doit fournir à l'usine Bost un bon de X kilogrammes d'acier pour
l'exécution de sa commande.
1956
La production annuelle atteint 720 000 pinces. Employant 200
personnes, Bost devient le premier fabricant français de pinces.
18 janvier 1957
Élisée Bost décède à Laissey à l'âge de 84 ans après deux mois et demi
d'une courte maladie.
En son honneur, la rue devant l'usine porte son nom.
1958
La production annuelle atteint 1 000 000 pinces avec un
effectif constant de 200 personnes. Les bâtiments occupent une surface
de 7 500 m2.
Afin de moderniser les installations, un plan d'investissements sur dix
ans de 6,5 millions de francs est lancé.
30 juillet 1959
La cheminée qui dominait l'usine depuis plus de cinquante ans est abattue
d'un seul tenant et à l'endroit prévu par une seule personne. Le
spécialiste a utilisé de simples cales en bois arrosées d'eau !
Ingénieur des Arts et Métiers, Marcel Bost est le neveu d'Élisée Bost.
Pluridisciplinaire, il dessina de nombreux modèles de pinces, mais
aussi certains des bâtiments encore visibles aujourd'hui. Il est aussi
l'auteur "involontaire" d'une petite anecdote.
Au tout début de la soudure à l'arc, il donna l'ordre à Jean Rollin,
dit Julot, de ressouder le fond d'un réservoir cylindrique qui fuyait
en utilisant cette nouvelle technologie. Voulant s'assurer de la
qualité du travail effectué, il fit remplir la cuve d'eau. Mais, la
patience n'étant pas la qualité première de "Monsieur Marcel", il
trouva le remplissage bien long. Il décida d'arrêter l'opération et
mit sans attendre la cuve sous pression avec de l'air comprimé. D'un
seul coup, le fond mal soudé se détacha et la cuve fut projetée en
l'air, traversa une verrière et, en retombant, sectionna l'arrivée
électrique du transformateur général tout proche.
L'usine s'arrêta immédiatement et il ne fallut pas longtemps pour que
l'un des directeurs, M. de Brisoult, se rende sur les lieux
et passe un savon magistral à Marcel Bost, encore mal remis de ses
émotions et ruisselant d'eau.
Carnet de notes de M. Daniel Girardot
février 1961
Les bureaux sont entièrement rénovés pour répondre à la forte hausse des
commandes et accueillir les clients dans un cadre agréable.
22 novembre 1962
Peu après cinq heures du matin, un incendie se déclare dans le bâtiment
abritant les stocks et les bureaux (rénovés l'année précédente). Dû au
système de chauffage à air chaud au mazout, les dégâts sont de
500 000 francs. Les archives, les documents comptables et
bancaires, les plans, les études, les commandes, ... sont perdus. Les
locaux seront reconstruits et même agrandis.
1964
Mise en place de la fabrication par lignes de production pour augmenter
la productivité. Il faut désormais seulement six minutes pour fabriquer
une pince universelle.
1968
La production annuelle atteint 1 850 000 pinces. En dix ans,
elle a quasiment été doublée alors que l'effectif est toujours constant
avec 200 personnes, dont un quart de femme.
Le chiffre d'affaires est de 11 millions de francs pour un bénéfice
d'un million de francs. Ces bons résultats permettent de garantir un
salaire minimum de 1 000 francs.
Le capital de l'entreprise est de 2,8 millions de francs, désormais
possédé à 95 % par la famille de Moustier, les héritiers Bost
préférant vivre de leurs rentes plutôt que de s'investir dans
l'entreprise...
mai 1968
Quelques ouvriers et syndicalistes de Besançon, notamment de la Rhodia
(toujours prompt aux conflits), viennent menacer les ouvriers Bost et les
somment de se mettre en grève. Cet incident montre le réel décalage entre
les gens "de la ville" et ceux "des campagnes" ou les valeurs
traditionnelles et le management patriarcal étaient plus présents.
1973
Facom et Peugeot Outillage entrent dans le capital.
1974
L'effectif est de 290 personnes pour une moyenne d'âge de 36 ans.
L'horaire hebdomadaire est de 42,5 heures.
Le côté familial et paternaliste est toujours présent, car la majorité
des agents administratifs et des cadres sont issus du personnel ouvrier.
1976
Bost est le 9ème fabricant européen de pinces.
1977
Nouvel agrandissement de l'usine avec la construction d'un atelier pour
les presses à ébarber.
Suite à la retraite du Comte Baudouin de Moustier et n'ayant pas trouvé de
successeur au sein de la famille, la société Peugeot Outillage devient
majoritaire avec 73 % du capital.
Bien que sur les rangs, le Comte préféra vendre ses parts à une autre
entreprise Franc-comtoise, plutôt qu'au rival Facom. L'entrée de Bost au
sein d'un grand groupe tel que Peugeot Outillage devait lui permettre
d'assurer son avenir.
Pourtant, malgré l'engouement des débuts, ce rachat marque le
commencement d'une période d'instabilités et de flous qui aboutira à de
longues périodes de chômages techniques. Difficile de bâtir une
stratégie industrielle cohérente lorsque la direction change de tête
tous les trois mois...
Pour les salariés, l'un des rares avantages de ce rachat était la
possibilité de bénéficier d'une réduction importante sur l'achat d'une
voiture Peugeot ou Citroën.
1979
La production annuelle chute à 1 650 000 pinces.
Afin de remplacer une grande partie du parc de machines vieillissant, un
plan d'investissements est lancé.
1981
Bost emploie 280 personnes et traite 1500 tonnes d'acier par an
et peut, théoriquement, fabriquer 15 000 pinces par jour.
1982
Peugeot, maison mère de Peugeot Outillage, étant confronté à de graves
problèmes financiers, la société Facom devient le principal et quasi
unique actionnaire avec 99 % du capital.
Cette déconfiture de Peugeot Outillage consacra la fameuse phrase du
Comte Baudouin de Moustier qui, à l'un des directeurs de Peugeot lui
faisant remarquer en 1977 que le lion (de Peugeot) avait mangé le chat
(de Bost), lui avait rétorqué qu'il ne devait pas se réjouir trop vite,
car ce sera le chat qui mangera un jour le lion !
1984
Bost se remet doucement de ses années d'errance. Bien que n'employant plus
que 200 personnes, l'entreprise produit cette année-là
2,6 millions de pinces dont 500 000 universelles,
450 000 coupantes diagonales et 350 000 tenailles
russes et consomme 1 400 tonnes d'acier.
Fabriquant 12 000 pinces par jour, Bost figure parmi les cinq plus
grands fabricants mondiaux de pinces et propose 1 150 articles
à son catalogue.
1986
L'entreprise ouvre un atelier de forge à froid à Baume-les-Dames. La
presse de marque Gräbner et d'une puissance de 1 000 tonnes
permet la suppression d'opérations propres à la forge à chaud, comme
l'ébarbage et le redressage. Les premières pinces pour circlips fabriquées
avec cette nouvelle technologie sont commercialisées.
L'organisation de la production est totalement revue par la mise en
place de la méthode Kanban. La réduction des temps morts permet une
réduction de 40 % des stocks tout en assurant la livraison de
98 % des commandes sous quatre jours.
1988
La production annuelle repart à la hausse et atteint 2 150 000
pinces. Bost devient le numéro 2 européen et le numéro 5 mondial.
1989
Bost emploie 200 personnes et produit 12 000 pinces par jour. Les
bâtiments occupent une surface de 11 500 m2.
Lancement de la pince multiprise MultiBost auto-serrante sur les
tubes et équipé d'un coupe-fils intégré.
16 février 1990
L'usine est touchée par une violente crue du Doubs, la deuxième crue du
siècle après celle de 1910. L'ensemble des ateliers est envahi sous les
eaux jusqu'à une hauteur d'un mètre dans certains endroits.
Contrairement à celle de 1910, aucun chômage technique ne fut instauré
et une partie de la production put redémarrer dès le lundi matin.
1990
Sous l'impulsion de Facom, Bost fusionne avec la société Garnache Chiquet
située à Arbois (Jura). Également propriété de Facom, cette dernière est
spécialisée dans la fabrication de tournevis et de clés mâles.
Elles deviennent la nouvelle société Bost Garnache Industries (B.G.I.),
le premier fabricant européen de tournevis et de clés mâles, le second
fabricant européen de pinces et le premier français. La marque
commerciale devient EgaBost. Le siège social du groupe est à Arbois,
Laissey ayant perdu la bataille des chefs.
28 juin 1991
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Bost fête en grande pompe son centenaire. 1 500 personnes
participent aux portes ouvertes et visitent l'entreprise. Après une
cérémonie de remise des médailles du travail, une grande fête est
organisée le soir sous un chapiteau pour les employés et leurs familles.
L'événement est annoncé par une publicité en dernière et pleine page du
journal L'Est Républicain du jeudi 27 juin.
1993
B.G.I. est certifié ISO 9002 (qualité) par l'AFAQ.
1994
La production annuelle chute à 1 920 000 pinces.
B.G.I. inaugure un centre de conditionnement et de distribution à Arbois
afin de mieux répondre aux demandes de ses clients.
1995
La production annuelle repart à la hausse et atteint 2 300 000
pinces. Le chiffre d'affaires du groupe B.G.I. est de 220 millions
de francs et l'effectif est de 478 personnes (298 à Arbois et 180 à
Laissey).
1995
Le site de Laissey devient le centre d'expertise pour l'ensemble du
groupe Facom pour la production d'une nouvelle gamme complète d'outils
isolés basse tension 1 000 volts destinée aux électriciens.
17 octobre 1996
Face à des problèmes de droit d'utilisation dans de nombreux pays, la
marque commerciale EgaBost est abandonnée en Europe au profit de la marque
Bost, mieux protégée et plus facile à prononcer dans toutes les langues.
Une belle revanche pour les salariés de Laissey, toisés jusqu'alors par
ceux d'Arbois. Le chat a à nouveau mangé son adversaire !
1998
Début du lancement de la série Expert avec une pince coupante
diagonale électricien et une pince à dénuder. Cette série est
caractérisée par une gaine ergonomique bi-matière avec un ressort de
rappel d'ouverture. Elles obtiennent le Janus du design
industriel 1998 décerné par l'Institut français du design.
1999
Le fonds d'investissement Fimalac, du magnat français Marc Ladreit de
Lacharrière, devient l'actionnaire majoritaire du groupe Facom. Son
objectif : être dans le top 3 mondial des fabricants d'outillage à main.
1999
Lancement de la totalité de la série de pinces Expert et sortie
de la pince multiprise à section indéréglable Techni.2.
2000
Déménagement de l'atelier de forge à froid de Baume-les-Dames à Laissey
dans un nouveau bâtiment construit spécialement. Une seconde presse à
froid de marque Manzoni et d'une puissance de 1 000 tonnes est
installée.
Bost se met aux nouveaux outils de communication et crée son site
Internet.
2002
Lancement de la série de tournevis tri-matières Expert « A
chaque vie, sa couleur » avec reconnaissance du type
d'empreinte par la couleur.
2003
Extension de la gamme Bost à d'autres outils : marteaux, outils de
mesures, coffrets, ... Cette diversification centenaire avait été
abandonnée lors de la fusion en 1990.
2004
Arrêt de la forge à chaud. Le bruit des cinq marteaux-pilons Lasco cesse
définitivement de résonner dans la vallée. D'une puissance respective de
800 kg, 900 kg, 1000 kg, 1500 kg et 3000 kg, ils
seront démontés et remontés dans une usine chinoise concurrente.
Enregistrement audio des pilons
le 15 juillet 1991.
La forge d'une pince était réalisée en deux ou trois opérations successives :
le cambrage, pour donner une forme proche de la gravure au lopin de
fer chauffé au rouge ;
l'estampage, pour donner la forme définitive à la pince ;
la repasse, pour finaliser cette forme, étape réalisée uniquement
dans le cas des plus grosses pièces.
Le travail de pilonnier était certainement le plus dur de toute l'usine et
était, à partir des années 1960, souvent réalisé par des travailleurs
originaires d'Afrique du Nord.
1er janvier 2006
La société Facom devient une filiale du groupe américain Stanley Works.
La gamme de tournevis Expert « A chaque vie, sa
couleur » atteint les 15 millions d'unités vendues.
2009
B.G.I. est certifié ISO 9 001 (qualité), ISO 14 001
(environnement) et OHSAS 18 001 (sécurité).
12 mars 2010
Les deux entreprises américaines Stanley Works et Black & Decker
fusionnent pour devenir le groupe Stanley Black & Decker.
2011
Publication d'un film promotionnel présentant l'ensemble du processus de
fabrication d'une pince sur le site de Laissey.
2013
Abandon progressif de la marque Bost au seul profit de la marque Facom.
Les appellations Bost et Bost Garnache Industries n'apparaissent même
plus sur les bâtiments de l'usine. Il semble bien cette fois-ci que le
chat ait trouvé plus fort que lui !
octobre 2013
Bost perd la fabrication des pinces circlips qui sont désormais usinées en
Chine.
2016
Après 125 années d'existence, la réputée marque Bost est définitivement
abandonnée au seul profit des marques Facom et Stanley.
Avec cette décision, c'est la page de l'histoire du XXème siècle du
village qui se tourne pour toujours.
2017
Le site de Laissey fait désormais partie de l'entité Stanley
Black & Decker Manufacturing et emploie 140 personnes.
2 septembre 2017
En présence de nombreuses personnalités et après de longues et intenses
années de travail, l'association Le chat des Laissey inaugure le
Musée Bost et de l'outil dédié à la conservation du patrimoine
industriel du village et de l'usine Bost.
15 novembre 2017
Une annonce officielle est faite aux salariés : le site de production
laisséen va être transféré à Besançon dans les locaux de Stanley. Le
déménagement va commencer en mai 2018 et se terminer aux vacances.
C'est donc 127 années de production d'outillages à mains de haute qualité
dans la Vallée du Doubs qui vont s'éteindre. Et, une date qui restera dans
l'histoire du village à marquer d'une pierre noire.
avril / mai 2018
Débuté en avril, le déménagement du site est terminé début mai. Les
salariés sont en congés forcés pendant quinze jours le temps que l'outil
de production soit redémarré sur le site Stanley de Besançon. Seule la
forge à froid bénéficie d'un court répit jusqu'au mois de septembre, les
locaux bisontins nécessitant des adaptations pour recevoir les presses.
début juin 2018
Le site Stanley de Besançon est touché par des inondations dues aux très
forts orages de cette période. Belle ironie de l'histoire, les risques
d'inondations étant l'un des arguments phares pour abandonner le site de
Laissey !
Suite aux nombreuses casses et, malheureusement, vols lors du
déménagement, la production a bien du mal à repartir et à retrouver un
niveau correct. Pour occuper les ouvriers, certains sont employés à
balayer et à rebalayer des locaux propres...
fin juillet / début août 2018
La forge à froid déménage à son tour. Seul l'unité de gainage PVC reste en
place. Trop âgée (plus de quarante ans), son démontage s'avère impossible
sans gravement l'endommager.
mi-décembre 2018
L'usine est désormais totalement vide. L'alimentation électrique est
définitivement coupée.
4 juillet 2019
Une journée portes-ouvertes est organisée dans les locaux de Stanley à
Besançon.
L'occasion de s'assurer que les machines sont toujours présentes et de
découvrir que les conditions de travail ne sont plus celles de Laissey !
Bruits (presses et usinages réunis dans un même bâtiment) et le froid et
la chaleur (hangars en construction métallique non isolés) sont désormais
le quotidien des salariés qui doivent bien regretter par temps chauds de
ne pouvoir ouvrir les fenêtres et de bénéficier d'un peu d'air frais
apporté par le Doubs tout proche. Mais çà, c'était à Laissey et c'était
avant !
5 octobre 2019
Un samedi (!), le jour tant redouté est arrivé : les pelleteuses
s'attaquent à la démolition des bâtiments de l'usine Bost !
février 2020
Les travaux de démolition partielle sont terminés. Seuls les bureaux, les
forges à froid et à chaud restent les témoins d'un passé industriel fort
de 127 années de production d'outillage à main de haute qualité à Laissey.
2020
La commune de Laissey et la Communauté de Communes du Doubs Baumois
négocient avec Stanley Black & Decker pour racheter les bâtiments restants
de l'ancienne usine Bost pour l'euro symbolique.
octobre 2022
Les trois bâtiments préservés de la destruction (pour une surface totale
de 5 000 m2) deviennent la propriété de la Communauté
de Communes du Doubs Baumois et ce pour un euro symbolique.
Redévelopper l'économie locale avec des artisans et des industriels ne va
pas être chose aisée... Comme on peut malheureusement le constater dans
d'autres petites villes ou villages qui sont confrontés à la même
situation de désertification rurale.
D'autant plus que les risques qui ont mené à l'abandon du site par le
groupe Stanley Black & Decker sont toujours d'actualité, notamment les
menaces d'inondations induisant des problèmes d'assurances et les
difficultés à faire venir "des gens de la ville" pour travailler à
Laissey.
Enfin, quid d'un résidu d'amiante dans ces bâtiments ? Existe-t-il un
risque ? Stanley Black & Decker va-t-il prendre à sa charge leur
dépollution suite à d'éventuelles découvertes ultérieures ?
25 octobre 2022
Reportage de France 3 sur l'avenir du site de l'ancienne usine Bost. Le
temps passe et aucune installation d'entreprise ne se concrétise...
mars 2024
Pour paraphraser le journaliste de l'Est Républicain, à Laissey, on est
plus surpris d'apprendre par la presse que les locaux ont été loués à
une entreprise parisienne qui plus est désormais liquidée
et qui ne paiera jamais ses loyers...
Certes, le préjudice n'est certainement pas énorme, mais si l'on se réfère
au reportage de France 3 du 25 octobre 2022, le projet initial était
plutôt de créer des box de 150 m2 pour permettre à des
entreprises locales de s'installer et de créer de l'emploi dans la région.
Pas sûr qu'une entreprise parisienne en faillite répond à ces critères...
14 septembre 2024
Enfin, les premiers projets d'installation d'entreprises et d'associations
locales se développent.
Avec tout d'abord, la ressourcerie de Laissey dont l'objectif est
d'accompagner vers l'emploi durable des personnes qui en sont éloignées
tout en offrant une seconde vie aux objets.
Suivi, quelques semaines plus tard, par la structure Alternatinnov qui vend
des matériaux de construction reconditionnés issus de la déconstruction
sélective.
Pendant près de soixante ans, le logo Bost fut un chat, symbole de l'outillage
à main de haute qualité. Ce n'est qu'à partir des années 1970 qu'il devint plus
moderne, mais aussi plus classique dans son dessin.
À l'origine, Élisée Bost voulut utiliser un lion, symbole de la Franche-Comté.
Mais, cet animal étant utilisé depuis 1847 par les Peugeot, ces derniers s'y
opposèrent et Élisée Bost dut choisir un autre félin.
Pour l'anecdote, la déconfiture de Peugeot Outillage en 1982, qui avait racheté
Bost en 1977, consacra la fameuse phrase du Comte Baudouin de Moustier. À l'un
des directeurs de Peugeot lui faisant remarquer que le lion (de Peugeot) avait
mangé le chat (de Bost), il lui avait rétorqué qu'il ne devait pas se réjouir
trop vite, car ce sera le chat qui mangera un jour le lion !
1907 (utilisé pour l'outillage premier prix)
1907 (utilisé pour l'outillage de qualité supérieure)
Enregistrement audio des pilons le 15 juillet 1991
Un bruit que l'on n'entendra plus jamais dans le village : celui des
cinq marteaux-pilons Lasco de l'usine Bost résonnant dans la vallée du
Doubs. Remplacés par deux presses à froid, ils cessèrent leur activité
en 2004. D'une puissance respective de 800 kg, 900 kg,
1000 kg, 1500 kg et 3000 kg, ils ont été démontés et
ont retrouvé une seconde vie dans une usine concurrente chinoise.